Dans le cadre de la promotion de ses vins, la France a décidé pour la première fois, de séduire les papilles délicates des femmes américaines. Afin de convaincre la presse New-Yorkaise que les femmes ont une perception différente des hommes, nos hautes institutions françaises (Ministères) m’ont confié cette délicate mission, un challenge formidable et une expérience unique.
Des dégustations comparatives se sont déroulées à l’initiative de la SOPEXA (International Communication Marketing Agency) lors de l’événement « Best Of France » à New York.
Faire découvrir la « French touch » côté vin aux femmes par le biais de la presse féminine, l’idée était pertinente, voire même ingénieuse, voilà comment je me suis retrouvée être la première ambassadrice « frenchy » du vin au féminin outre Atlantique. Pour les américaines il fallait une expérience indiscutable avec des preuves, c’est pour cette raison que les journalistes vécurent des accords mets vins inoubliables avec moi. J’inspirais le respect et l’admiration, elles découvraient comment une française avait réussi peu à peu, à mettre le vin à la portée de toutes les femmes françaises depuis 35 ans en offrant une subtile féminisation de l’approche du vin, guidant les femmes à avoir un rapport privilégié au vin, différent des hommes, dans une dimension plus affective. Ce nouveau pari m’a donné l’opportunité de comparer la manière dont les femmes américaines choisissent, achètent et boivent le vin.
Sachant que les américaines sont arrivées beaucoup plus tard que nous dans cet univers masculin, qu’elles n’ont pas la même culture du vin, ni notre éducation et ne cuisinent pas de la même manière que les françaises. Pour certaines femmes le vin est encore un produit de luxe. Ce fût une nouvelle fois, une expérience professionnelle très enrichissante.
Ce qui m’a surpris c’est qu’à New York la presse féminine était en demande d’un certain érotisme du vin « à la française », s’interrogeant sur la libération de nos capacités à le choisir, curieuses de celles qui permettent d’identifier des arômes avec précision, donc d’imposer nos goûts et comment nous nous sommes appropriées ce breuvage longtemps réservé aux hommes.
Je me suis totalement impliquée dans cette dégustation comparative, j’ai adoré ce challenge.
C’était un honneur pour moi d’initier les américaines à la subtilité de nos appellations, d’expliquer la variété de nos nombreux cépages, de dévoiler le secret de nos assemblages, de mettre à l’honneur nos vignerons, nos terroirs uniques, notre patrimoine viticole et en ce qui me concerne d’apporter ma touche féminine dans l’art de choisir un vin suivant toutes les occasions de consommation.
Le meilleur de la France était sur Time Square pour cet événement qui fait la promotion de notre belle France (celle qui gagne) en plein coeur de Manhattan, et j’étais là pour promouvoir ses vins autrement, avec féminité!
Les jours qui ont suivi cet événement, j’ai multiplié les interviews lors de nombreux déjeuners et dîners dans les plus prestigieux restaurants de NY, afin de faire la démonstration aux journalistes des accords culinaires incontournables avec nos vins, ce qui m’a donné l’occasion de découvrir la notoriété des chefs sommeliers américains qui actuellement est identique à celle de nos chefs cuisiniers chez nous en France.
J’ai apprécié le talent des grands chefs cuisiniers, très souvent français, en compagnie des journalistes spécialisées les plus en vue de la presse du vin, de la gastronomie, les reines du « lifestyle » des célèbres magazines américains, que je remercie car elles ont publié des articles élogieux sur cette initiative originale suite à mes interviews ce qui m’a fait vite oublier les 3 kg que j’ai eu du mal à perdre en rentrant.
« Best of France » est le plus grand événement au monde de promotion de la France, de ses entreprises, de ses artisans et créateurs, donc de sa gastronomie et de ses vins.
Après avoir animée à New York cette dégustation comparative, j’ai attendu plusieurs mois l’annonce des conclusions, celles-ci avait pris du retard et a fini par être publiée plusieurs mois après la dégustation tellement les résultats étaient complexes, ce qui a passionné la presse féminine. De mon côté avec la refonte de FEMIVIN j’ai moi-même aussi tardé à publier ce résultat.
Cette expérience a offert aux New-Yorkais une nouvelle manière d’apprécier les vins français à travers une dégustation à l’aveugle originale. L’événement, qui a accueilli des centaines de milliers de participants dans le milieu emblématique de Manhattan, a été l’occasion encore une fois pour moi qui me suis battue pour le prouver, de faire découvrir à quel point la perception du vin diffère entre les hommes et les femmes, surtout au nez.
ma synthèse de cette dégustation
Riesling Alsace, blanc
Intéressant de voir que plus de femmes ont trouvé le cépage et les hommes la région, on retrouve des fruits chez les deux, le chèvrefeuille présent effectivement dans ce vin et une subtile douceur appréciée par les femmes, des tanins souples plus de fruits pomme et poire chez les hommes. Les femmes se sont plus exprimées sur ce qu’elles ont apprécié dans ce vin et pourquoi ce vin leur plait!
Crozes Hermitage Vallée du Rhône majorité Syrah, rouge
Pour des américains impossible d’avoir un repaire avec ce vin, pas de Syrah équivalente aux USA. Il était difficile de trouver le cépage et la région surtout pour les femmes. Une différence flagrante dans la manière de s’exprimer, les femmes sont plus bavardes, avec une excellente approche olfactive, justesse dans les arômes retrouvés en bouche. Je ne suis pas surprise qu’elles aient eu envie d’associer ce vin à des mets, c’est une réaction très féminine. Ce qui me surprend c’est que les hommes ont trouvé des tanins fumés, un goût terreux alors que ce vin explosait d’arômes de fruits rouges, fruits noirs mûrs et d’épices douces avec des tanins soyeux.
Corbières Château Ollieux Romanis Languedoc-Roussillon, rouge
Quand un vin sudiste est dominé par le Carignan, le Grenache et la Syrah , qu’il est élevé en cuve, donc qu’il n’a d’influence du bois que par ceux de son environnement que l’on retrouve dans la subtilité de ses arômes, tout comme son terroir d’ailleurs, c’est assez complexe de découvrir que des dégustateurs ont trouvé un goût de barrique, vanillée. Ici encore il était improbable que l’appellation et la région soient découvertes, en revanche chacun s’est exprimé selon l’éducation de son palais, les hommes ont laissé parler leurs émotions, j’aime quand ils s’expriment librement comme ici même si c’est assez déroutant!
Bordeaux château Kirwan Margaux, rouge
Margaux est une appellation très féminine. Les femmes et les hommes ont apprécié ce vin, se sont exprimés étant proche de la réalité dans les deux cas. Je ne suis pas surprise que les hommes se soient retrouvés très à l’aise avec ce Bordeaux, le Cabernet Sauvignon dominant élégant, subtil et riche leur a permis de mettre des mots plus facilement sur ce qu’ils ressentaient. Dégustatrices et dégustateurs étaient assez proches dans cette belle dégustation qui offrait le privilège de goûter un grand vin de Bordeaux.
Beaujolais St Amour, rouge
Le cépage Gamay n’est pas très connu des américains, pourtant les hommes se sont plus exprimés, plus habitués à boire des vins plus puissants, avec des degrés alcooliques plus élevés, leurs commentaires illustraient la réalité, en conclusion chacun homme et femme ont reconnu que ce vin serait idéal avec un apéritif, une cuisine légère, un barbecue.
Nuits Saint -Georges 1er Cru rouge, Bourgogne
Royal et glamour, deux mots qui illustrent l’imagination féminine. Pour ma part, je donne raison à ce commentaire, ce vin en pleine maturité avait un nez très aromatique de fleurs, de fruits rouges croquants, d’épices, de tabac. Tendre et délicat, il illustrait le vin de plaisir, GLAMOUR avec un croquant caractéristique et sa persistance le rendait effectivement ROYAL. Tout le monde était d’accord, il accompagnerait un bon repas entre amis.
Savennières blanc, Loire
Chacun s’est exprimé selon ses goûts, c’est vrai que le commentaire des hommes sur la couleur me choque, on est loin du glamour! Mais il y a quand même une vraie démarche de dégustation, ce vin fût une découverte pour beaucoup et le descriptif des femmes et des hommes de ce vin est dans le vrai. En résumé on l’aime ou l’on ne l’aime pas ! Cette cuvée subtile d’une complexité remarquable que signe un grand vigneron s’adresse à des palais initiés.
Madiran château Boucassier Malbec, Sud-Ouest
Je suis impressionnée par les commentaires des dégustateurs qui ont apprécié cette cuvée. Ce Malbec avait toutes les caractéristiques d’un grand vin de Madiran. Je ne suis pas surprise que dans le commentaire féminin, une femme puisse aimer ce vin. Comme elle, j’ai aimé sa générosité, sa puissance et sa droiture, dommage que peu de femmes furent séduites par cette belle découverte en tout cas les hommes ont apprécié.
Mes conclusions
Dans une optique de préférence sensorielle, tous les arômes de fruits et fleurs sont de loin les plus détectés au nez chez les femmes américaines. En revanche, les hommes américains sont plus susceptibles de détecter la région d’où provient le vin, les plus couramment identifiés sont : Alsace, Bordeaux, Rhone Valley, Bourgogne et Loire Valley. J’ai constaté que 50 % des femmes en couple qui ont participé au sondage ont été attirées par un partenaire qui a su associer le vin avec de la nourriture.
Bien contente de voir que votre voyage à New York s’est enfin matérialisé! Nous sommes maintenant dans le sud ouest et apprécions le malbec. Bonne continuation et bonne chance. Frankie