Thomas Pasquet et trois autres astronautes ont rejoint les 11 déjà à bord de la station spatiale. Pour eux pas question de fêter cela avec du Champagne ! La NASA interdit l’alcool à bord. Cette fois-ci pas d’expérience vin dans l’espace, ce qui n’a pas été le cas précédemment pour des expériences bien françaises.
Récupérés en début d’année grâce à la capsule Space X, 12 grands Crus de château Pétrus ont passé 14 mois dans l’espace, à bord de la station spatiale internationale (ci-dessus) mais je vous rassure ils n’ont pas été ouvert là-haut !
Ça n’était pas la première fois que du vin quittait la terre. En 1985, le spationaute français Patrick Baudry s’envolait à bord de DISCOVERY, en emportant à bord un Château Lynch-Bages 1975 de Pauillac qui deviendra la première bouteille de vin à voyager dans l’espace, il expliqua les raisons de son choix, en tant que français il était normal pour lui d’emporter du vin, alors que les américains aurait choisi du Coca Cola.
« Deux jours avant le lancement de DISCOVERY le 17 juin 1985, en rendez-vous téléphonique avec des journalistes français depuis HOUSTON, TEXAS, ils me demandèrent si j’allais emmener du vin à bord. Je répondis par l’affirmative! De mon Bordelais, j’emmenais donc un vin et toute sa vigne avec lui : un Château LYNCH-BAGES de Pauillac, classé cinquième grand cru dans la classification officielle des vins de Bordeaux de 1855. C’est le vin français que j’emmenais avec moi. »
Plus tard en Aout 1996 la spationaute française Claudie Haigneré s’était, elle aussi, prêtée à cet exercice. Son témoignage fut très intéressant, elle relata « qu’au lieu d’être maintenu au fond de la bouteille, comme il le ferait sur Terre, le liquide adopte alors une forme sphérique. Le breuvage forme un film vermeil qui vient s’accrocher à la paroi. Une petite tape sur cette dernière, et les petites bulles de vin se réveillent. Elles se détachent, prennent leur envol, s’échappent de la bouteille pour dériver au gré des mouvements d’air ». Ce qui a rendu ce vin rouge pétillant.
Il y a moins de 2 ans, la start-up « Space Cargo Unlimited » a envoyé des Grands Crus durant plus d’un an dans la station spatiale internationale pour étudier leur vieillissement dans l’espace et les effets de l’apesanteur. En début d’année grâce à une capsule Space X qui s’est posée au large de Tampa, cette cargaison est revenue et les bouteilles furent ouvertes en février à Bordeaux.
Curieuses nuances de goût et d’arômes
Un test olfactif, visuel, gustatif lors d’une dégustation ont permis d’obtenir une première impression de l’odyssée spatiale du vin. Début mars, deux bouteilles « anonymisées » de Petrus ont été présentées à l’aveugle à un panel de 12 personnes, amateurs et experts. Le verdict a été unanime pour tous : « Le « vin de l’espace » a été très bien évalué sensoriellement », a expliqué Philippe Darriet, directeur de l’unité de recherche œnologie à l’ISVV pour ce Bordeaux qui revient de l’espace. 12 bouteilles de Petrus sont donc de retour sur Terre après avoir passé 14 mois dans l’espace. Elles sont actuellement analysées par des chercheurs qui développent des expériences dans le contexte de réchauffement climatique.
Tout l’enjeu de la mission est de vérifier si l’environnement spatial, avec ses radiations et sa micro-gravité, a modifié les caractéristiques du vin, et surtout si l’apesanteur peut rendre la vigne plus résistante. Après avoir passé 14 mois dans l’espace ce grand cru de 20 ans d’âge ouvert, côté quand même 5000 e est resté un « très grand vin » selon les experts de l’Institut des sciences de la vigne et du vin (ISVV) chargé d’analyser les bouteilles et les sarments de vignes envoyés sur la station Spatiale Internationale.
Un design de bouteille adapté à l’espace
Ce sont tous ces voyages dans l’espace qui ont inspiré le designer Octave de Gaulle (parent du Général). Celui-ci a imaginé une nouvelle forme de bouteille qui serait optimale pour les voyages en apesanteur. Le designer imagine qu’une vie civile sera un jour possible dans l’espace, et le vin étroitement lié à la vie sociale doit s’adapter à cette vie spatiale. Pour répondre à la forme sphérique qu’adopte le vin, Octave de Gaulle imagine donc une « bouteille spatiale » où le nectar se déplace toujours en direction du bouchon. En forme d’anneau, il sera facilement utilisable et transportable. La bouteille est étiquetée Château Haut-Bailly (Pessac-Léognan).
Un choix qui n’est pas un hasard. Le designer souhaitait « un vin de référence, un vin intemporel capable de voyager dans l’espace sans altération d’aspect ou de goût », qu’il a trouvé dans ce Château.
Prochaine étape : la dégustation dans l’Espace ! Ce qui est sûr, c’est qu’il manque un peu d’air là-haut. Peut-être que l’aérateur connecté Aveine pourra les aider.
Crédits photos : NASA et AVEINE
et Claudie Haigneré CNES/ESA
Philippe Lopez AFP
MAAD -Bordeaux V.Pertseva et Octave de Gaulle
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