Comme chaque année depuis 9 ans c’est à Visan charmant petit village des Côtes-du-Rhône proche de l’Université de Suze-La-Rousse que je passe le samedi du WK du pont de l’Ascension à déguster différents assemblages de vins. Ce n’est pas que ce soit si loin de tout ni de l’autoroute, mais si vous voulez vous y rendre vous avez intérêt à ne pas vous égarer en route et avoir prévu l’itinéraire avant car le premier panneau « Visan » que vous apercevrez, après avoir traversé quelques petits villages viticoles, est à 2km de celui-ci… Pas avant ! J’ai pris l’habitude de ce rendez-vous pour lequel je m’implique complètement, ce qui m’oblige à bloquer la date d’une année à l’autre, d’arriver la veille, à me régaler le soir au restaurant « Les Troubadours » en compagnie de Christiane et Théo Théodosiou qui managent avec talent cette cave et séjourner dans de ravissantes maisons d’hôtes.
Cette année encore c’est au « Mas des sources » une sorte de maison de poupées face à la petite chapelle de Notre Dame des vignes dans un écrin de vignes que j’ai passé la nuit, une nuit quelque peu perturbée par une literie qui mérite cette année d’être changée, mais l’accueil est si chaleureux que c’est vite oublié.
C’est toujours un plaisir de présider le grand jury féminin réuni autour de moi dans les locaux de la cave des vignerons de Visan de l’espace « Anvis » afin de sélectionner avec soin l’assemblage qui sera l’ambassadeur de cette cuvée qui nous plait à nous professionnelles et qui correspondra à l’attente des consommatrices.
Pour cette cuvée « Femmes » 2010 un Côtes-du-Rhône Villages Visan nous étions 24 dégustatrices professionnelles et quelques néophytes épicuriennes et bonnes dégustatrices. J’y retrouve toujours avec plaisir mes deux amies Maryse Allarousse présidente des sommeliers du Rhône, de la région de Lyon, qui a été meilleur sommelier de France, puis Gisèle Marguin qui préside la région de Marseille et Bouches du Rhône, ainsi que des œnologues dont celle de l’Université du vin, des sommelières et restauratrices et des femmes qui apprécient le vin qui viennent spécialement de très loin à qui je rappelle de cracher après chaque dégustation.
Toute la matinée la dégustation se fait à l’aveugle. On regarde, on sent, on goûte, on crache, on note, on s’échange un sourire, un regard, en douceur quelques impressions… mais on ne copie pas !
On lève le coude, on prend son stylo et en fin de dégustation on vote. Cette année le vote fût serré difficile de trancher entre deux cuvées mais c’est la cuvée N°10 qui en est sortie vainqueur, c’est elle qui plaisait le plus aux non professionnelles qui ont du mal à imaginer le potentiel d’un vin qui sera mis en bouteilles dans quelques mois.
Un vin rouge à la robe rubis sombre composé de 80% de Grenache et 20% de Syrah. Ce sera donc le millésime 2010, un vin opulent, riche en arômes, avec des tanins encore présents mais enrobés, avec dans l’ensemble un bel équilibre et qui accompagnera agréablement tout un repas.
Sachez que le 2009 qui est encore à la vente est à son apogée ! c’est un vin d’une exceptionnelle structure avec beaucoup de complexité, des tanins veloutés, qui s’apprécie maintenant et qui pourra même vieillir 5 ans.
La cave dispose d’une boutique en ligne
Petite anecdote, qui va en faire sourire plus d’une! depuis le départ de l’idée de cette dégustation 100% féminine, j’ai proposé qu’un jury d’hommes se réunisse loin de nous qu’ils dégustent les mêmes échantillons de vins pour élire la cuvée qui leur plait le plus et celle qu’ils imaginent être notre cuvée « Femmes » de l’année. J’aime beaucoup provoquer les dégustations de ce type qui sont une mine d’or d’informations sur la différence de nos perceptions olfactives. Comme chaque année nous sommes aux antipodes, Vénus et Mars…mais nous n’avons pas eu cette année à rejeter un vin et ne pas le classer tellement son nez nous dérangeait, comme cela a été le cas il y a deux ans où à notre grande surprise les hommes l’avait aimé et classé en tête comme étant leur vin préféré.
Quand je vous dis que nous n’avons pas la même perception olfactive…n’ai-je pas raison ?